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QUIDAM, c’est qui (dam) ?

 

Dans le monde du théâtre, on les appellerait comédiens amateurs mais ils n’apprécient guère ce terme réducteur. Ils se revendiquent acteurs à part entière tout en ayant une profession ou leurs études à côté.

Pierre Rogez, metteur en scène engagé

Les membres de la compagnie Quidam font du théâtre pour le plaisir, 2h par semaine, en dehors de leur travail. Ils sont là avant tout pour s’amuser, se retrouver, partager mais ce n’est pas pour autant que la formation n’est pas de qualité. Bien au contraire, Pierre Rogez, leur metteur en scène, est très exigeant. Issu d’un milieu modeste peu habitué aux pratiques théâtrales, il fait malgré tout des études universitaires d’arts du spectacle. Il prône une éducation populaire car, pour lui « l’idée c’est de se dire que si les gens ne viennent pas au théâtre c’est peut-être parce que le théâtre ne les intéresse pas et peut-être aussi parce que le théâtre ne s’intéresse pas à eux ». C’est aussi dans cette idée que la municipalité a eu la volonté de rendre ces cours et spectacles accessibles gratuitement.  Il « adore » travailler avec les habitants, avec leur environnement, avec leur histoire, avec leur mémoire.
C’est ainsi qu’est né, à Méricourt, son premier projet intitulé À l’ombre du terril qui est une adaptation du film documentaire Mine de mémoire réalisé par Florent Le Demazel, vidéaste de la mairie qui fait, lui aussi, partie de la troupe.

Des comédiens passionnés et passionnants

Même si Pierre est également comédien et musicien (et professeur de français !), il garde une préférence pour la mise en scène d’où la création de sa compagnie, en résidence à Méricourt depuis 2012, pour laquelle il a choisi des quidams. On retrouve donc des monsieur et madame tout le monde mais avec chacun son identité propre et forte. Je vous présente Corinne, David, Frédérique, Giovana, Ines, Manon, Martine, Shaïna, Stéphanie, Sarah et… Pierre, âgés de 13 à 62 ans. Certains ont intégré la troupe il y a une dizaine d’années, d’autres moitié moins et toutes et tous pour des motivations différentes : pratiquer un loisir, rejoindre un membre de la famille ou vaincre une gêne. « L’alliance du groupe nous nourrit tous, on a grandi ensemble » explique un des comédiens, « cette troupe c’est notre famille ». Selon eux, ils ont une facilité de jeu « inestimable » car ils connaissent celui des autres et savent comment ils vont réagir. Le metteur en scène trouve que, de par sa dynamique, le groupe pourrait presque se passer de lui. Mais peut-être pas pour sa dernière adaptation de Gargantua, projet « gargantuesque » car les comédiens ont trouvé le texte difficile même si certains passages ont été élagués et écrit en français moderne. « Les spectateurs ne vont peut-être pas tout cerner, mais l’audace c’est de réussir à ce qu’ils comprennent le sens global de la pièce », remarque un autre membre de la troupe.

Le théâtre « en corps » et toujours

Les créations constituent l’essence même de la compagnie Quidam, mais, à cause de la pandémie, Pierre Rogez n’a pas pu aller à la rencontre des gens, comme il le fait habituellement pour alimenter ses textes. Chacun de ses écrits reflète un engagement social et véhicule des messages forts et c’est bien pour cela qu’il a choisi d’adapter le roman Gargantua personnage populaire de Rabelais, qui est une satire de la société sur fond d’humour grotesque et dont le début de l’histoire met l’accent sur le rapport au corps. Ce dernier est essentiel pour notre metteur en scène qui estime qu’« il raconte des choses ». Car le théâtre n’est pas qu’oralité, il joue aussi sur la corporalité.
Encore en étape de création, la représentation du samedi 3 juin au centre public et culturel La Gare fut une belle première, en vue d’une amélioration pour une prochaine performance.

Écrit par Clothilde Vosila, Etudiante en Licence 3 InfoCom-Lille

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