Yannick Hannedouche, 36 ans, est infirmier en service de réanimation au Centre Hospitalier d’Arras depuis 10 ans. Ce papa de deux enfants est guidé par une même philosophie dans son travail comme dans la course à pied. Une philosophie qu’il partage avec ses patients afin qu’ils reprennent goût à la vie pour sortir de ce processus aïgu du Covid qui les a touchés.
C’est en arrivant dans le monde professionnel en tant qu’infirmier que Yannick Hannedouche développe la course à pied. « Une discipline que je pratique au quotidien en jonglant avec le monde professionnel puisqu’en fait, exerçant à Arras et habitant Méricourt, je me rends au travail en courant. Cela me permet de faire du sport sans avoir une contrainte d’activité licenciée et de m’entraîner sans empiéter sur la vie personnelle ».
Yannick se prend au jeu et s’inscrit à certaines courses en augmentant de plus en plus les distances. Ainsi il découvre le trail, une pratique de la course à pied en nature. « J’ai vraiment développé cette discipline en participant à de nombreux événements avec l’objectif de participer un jour à l’ultra-trail du Mont-Blanc, connu pour être le sommet mondial du trail ». Il aura d’ailleurs la chance d’y participer cette année en août.
Mais cette activité sportive, c’est aussi pour lui, une fabuleuse ressource pour faire le vide émotionnel avant de rentrer chez lui.
Pour cet amateur, sans statut de sportif de haut niveau, cela reste avant tout un loisir. « Au départ le trail est une activité personnelle pour rester en forme. Et au fur et à mesure de ma pratique professionnelle, je me suis aperçu qu’il y avait une vraie analogie entre les courses de très longue durée et ce que les patients vivaient au quotidien. En réanimation et surtout avec l’émergence de la crise sanitaire, les patients restent hospitalisés très longtemps et en quelque sorte, au moment où ils rentrent, c’est comme-ci ils franchissaient la ligne d’arrivée d’une course trail ».
De sa pratique au quotidien, Yannick retrouve un petit peu leurs doutes, leurs moments d’euphorie… « Il y a vraiment une analogie entre ce que je ressens dans les trails et ce que eux vivent sur plusieurs semaines avec des phases où c’est très difficile. Comme pendant une course, il y a des moments où c’est très dur, on doute, on a envie d’arrêter. Et, un pas après l’autre, on arrive au sommet et on voit l’horizon. Je me suis dit que cette analogie entre ce que moi je vis pendant la course et ce que les patients vivent, de façon encore plus dure parce que cela les touche personnellement et physiquement, pouvaient se servir l’un l’autre ».
Dans les deux cas, les moments d’efforts intenses où la volonté humaine est mise à rude épreuve permettent pour les uns de franchir la ligne d’arrivée et pour les autres de rentrer chez eux, de retrouver famille et autonomie. « Pendant mes courses, je me nourris de ce que je vis au quotidien et finalement je relativises parce que je peux sortir de cette crise à tout moment à l’inverse des patients qui sont obligés d’aller au bout de leur combat. Et j’espère leur apporter un petit peu d’espérance et l’envie de se dépasser pour que les fins soient heureuses ».
Yannick Hannedouche fait aussi partie de l’association « Réa’ptitude », au sein d’une équipe pluridisciplinaire qui aide les patients à retrouver leur autonomie.
– Publié le 09/07/2021