Ils étaient nombreux, ce jeudi 10 Mars, à s’être rassemblés à la Nécropole de Méricourt, à l’occasion de la Commémoration de la Catastrophe de 1906. Il y a 116 ans, une énorme explosion a retenti dans le sol minier. Les galeries entre les fosses de Méricourt, Billy Montigny et Sallaumines ont été dévastées en emportant les vies de 1099 mineurs. Alors que les recherches de survivants avaient cessées, 13 rescapés ressortaient pourtant après 20 jours de souffrance.
De nombreux élus locaux, des représentants d’associations de mineurs, des syndicats, se sont rassemblés devant le monument afin de leur rendre hommage et chacun leur tour, déposer une gerbe. Raymond Frackowiak, lui, a rappelé dans son discours l’importance du devoir de mémoire : « J’ai assuré dernièrement de nombreuses rencontres syndicales. J’ai fait un constat alarmant. Nos jeunes générations ne connaissent pas l’histoire de la mine et plus généralement celle du mouvement ouvrier : c’est désolant. Il nous appartient donc d’alimenter la mémoire collective par nos initiatives. Mais comment voulez-vous que nos jeunes s’intéressent à l’histoire quand ceux qui votent les lois ne les appliquent pas ? »
En 1924, Constant Delplanque, alors maire de Sallaumines, avait tenu ces propos « Qu’importaient 1100 victimes, qu’importaient des centaines de veuves et un millier d’orphelins. Tous les mineurs peuvent périr, pourvu que le coffre reste gonflé ». Christian Pedowski ajoutera : « Ces mots prennent un sens tout à fait particulier et grave en ces heures de guerre où le peuple Ukrainien meurt sous les balles et les bombes russes. On peut construire maintes raisons géopolitiques, maintes excuses ou prétextes de guerre pour justifier ou condamner à juste titre cette intervention militaire sanglante. C’est une guerre pour l’approvisionnement du gaz et pour savoir qui décrochera le juteux marché européen. Tout comme le comportement scandaleux et dramatique de la Compagnie des Mines de Courrières en 1906 qui aura fait passer les logiques de profit avant celles de milliers de vie de travailleurs. Ce sont aujourd’hui des milliers d’innocents qui meurent aujourd’hui sous les bombes pour les mêmes raisons. »
– Publié le 11/03/2022