La compagnie Quidam a présenté « L’ombre du terril », une pièce écrite et mise en scène par Pierre Rogez avec comme acteurs, un groupe d’habitants de Méricourt. Une production menée en partenariat avec le centre social et d’éducation populaire de la ville.
« Cela fait partie des ateliers populaires de pratiques artistiques que nous proposons. Aujourd’hui c’est sur la formation théâtrale, de janvier à mars ce sera la gravure, puis d’avril à mai sur la sculpture avec pour thème Maudite soit la guerre » soulignait Serge Ternisien, directeur du centre social.
Avec La compagnie Quidam, le projet avait débuté par le cinéma et un film documentaire intitulé Mine de mémoires, primé lors d’un festival. Avec son équipe (Anne Gensane, Florant Le Demazel, Antoine Tlouzeau, Maxime Peleso), Pierre Rogez s’est lancé sur un second projet dans le théâtre de proximité. Toujours sur le thème de la mine. « Parce que tout part du constat : de se dire nous, jeunes de 25/28 ans, comment la mine peut encore marquer notre présent ? Comment cette histoire que l’on n’a jamais connue et qui ne nous appartient presque pas, peut encore nous travailler aujourd’hui ? » dévoilait Pierre Rogez qui, à l’époque s’est rapproché des services éducation populaire et culture de la ville pour monter ce projet. « Ensuite, nous sommes allés à la rencontre des anciens mineurs des fosses 4/5 sud et 3/15 et de leurs familles pour recueillir leurs témoignages ».
La suite, Pierre Rogez écrit une fiction où se dessinent les destins de ces hommes et de ces femmes qui voient leur région se désindustrialiser. De l’abandon à la reconversion, l’histoire raconte cette période faite d’incertitudes. La dernière fosse a fermé il y a plus vingt ans, mais le passé peut aujourd’hui encore se lire entre les briques, sous le chevalement ou à « l’ombre du terril », d’où le titre de la pièce.
Une pièce originale créée dans des conditions professionnelles mais avec des amateurs.
Pierre Rogez, titulaire d’une formation de théâtre, est persuadé qu’en poussant un peu on arrive à quelque chose qui reste amateur évidemment mais qui a une certaine authenticité avec une beauté des corps, des voix des comédiens qui sont des gens d’ici, de 10 à 82 ans. « Au départ, nous avons durant trois mois fait de la formation théâtrale et tout ça sous la forme de la gratuité » appelait-il.
Des exercices qu’on apprend dans les écoles de théâtre avec l’idée derrière de présenter un premier texte, joué le 15 juin dernier, qui correspondait aux premières vingt minutes du spectacle. C’était aussi pour les acteurs une première prise de contact avec un public, la technique et la scène. En septembre, ils s’attaquaient au texte intégral, d’abord en lecture, puis en mise en scène. « Y a pas forcément des habitudes de lecteur, de jouer un texte, mais pour des amateurs, ils ont eu une rigueur et un investissement absolument incroyables, plus que certains professionnels » en est encore ravi Pierre Rogez. « Ils m’ont vraiment épaté par leur travail, l’apprentissage du texte, les répétitions. Cela m’a conforté dans mon idée qu’on peut faire des choses de qualité professionnelle avec des amateurs ».
Samedi soir, les acteurs présents sur scène l’ont bel et bien prouvé, et au final le public, debout, l’a bien compris.
– L’ombre du terril, à voir absolument. Prochaines séances ce vendredi 13 à 20h00 et samedi 14 décembre à 19h00 à l’Espace culturel La Gare (gratuit et ouvert à tous). Réservations recommandées au 03 91 83 14 85. Autre séance le vendredi 10 janvier salle Aragon 20h30 à Avion.