Pour marquer le centenaire de la première guerre mondiale de 1914-1918, un groupe d’habitants est monté sur scène pour jouer « Désertés ». Une pièce écrite et mise en scène par Pierre Rogez où les comédiens amateurs ont présenté avec audace et qualité une histoire marquante sur une création de la Compagnie Quidam.
« Une rencontre formidable d’éducation populaire et de culture délivrant
un message politique très fort pour dénoncer les milliers de morts inutiles de cette guerre. De toutes les guerres » déclarait le maire Bernard Baude lors de la représentation du 11 novembre.
Dans le cadre du projet Maudite soit la guerre, les services culturel et d’éducation populaire de la ville et la compagnie Quidam avaient une véritable envie de créer un volet théâtre autour de la mémoire locale en travaillant avec les habitants. Après une année de travail, la pièce présentait l’histoire d’un groupe d’habitants durant la guerre de 14/18. Des Méricourtois vivant la séparation, les hommes qui partent au front, mais aussi comment s’organisait la vie à l’arrière, le quotidien des femmes, des enfants…
Désertés met en scène douze comédiens, dont deux professionnels, dans une parfaite cohésion de groupe. « Après L’ombre du terril, nous venons de franchir une nouvelle étape. Si je prends pour exemple le monologue de Mireille (jouée par Sara), c’est un des exercices les plus difficiles en terme de comédien » souligne Pierre Rogez. « Mais je savais que Sara en était capable. Bien sûr, on a travaillé. Cela a été éprouvant pour tous car je ne lâche rien sur la qualité artistique afin que le jour de la représentation, nous soyons face à une œuvre ».
La pièce, empreinte d’émotion, a remporté un large succès lors des deux représentations méricourtoises. Pour Pierre Rogez, « sur le plan artistique, nous avons très bien réussi et sur le plan humain, c’est magnifique. Je leur dis merci de m’avoir fait confiance pour cette belle aventure humaine qui s’est poursuivie le samedi 15 novembre à Gentioux dans la Creuse ». Peut-être le début d’une tournée ?
Sara, 35 ans, a commencé en 2013 avec l’association Quidam dans un projet de pratiques artistiques amateures. Rencontre avec une Méricourtoise passionnée qui souhaite que cette merveilleuse aventure se poursuivre.
Comment êtes-vous venue au théâtre ?
« J’ai commencé dans L’ombre du terril, c’était une première. Ensuite j’ai continué parce que le théâtre permet de s’exprimer. Pour ma part, il m’a permis de sortir de ma dépression, cela m’a beaucoup aidée. Et poursuivre l’aventure avec Pierre (Rogez) et toute l’équipe, c’est quelque chose de génial ».
Cela demande du temps et de l’investissement ?
« Oui surtout que j’ai repris des études d’agent de restauration. C’était pas évident mais on arrive à s’organiser avec mes deux enfants, une fille de 7 ans et mon fils de 13 ans qui lui aussi était sur scène. Il tenait le rôle du soldat Raymond. C’est sûr, lorsque l’on rentre chez soi, on est un peu épuisé mais c’est une fatigue saine ».
Comment vous êtes vous imprégnée de votre personnage ?
« Pour jouer le rôle de Mireille, j’ai appris le texte et je me suis intéressée à la vie des femmes en 1914 en regardant des documentaires. Ensuite, Pierre nous a dirigés. Il était très exigeant mais c’était pour notre bien. Je dois dire qu’il savait ce qu’il voulait et tant que ce n’était pas bien, on recommençait ».
Avec en toile de fond la guerre de 14-18, que pensez-vous de cette pièce ?
« Une forte émotion ressort de cette pièce et on a une pensée pour nos grands-parents, nos arrières grands-parents qui se sont battus. C’est à nous de leur rendre hommage. Avant d’entrer en scène, on a une pensée pour eux ».
Et le stress dans tout ça ?
« Il est bien là. Lorsque je suis arrivée dans les coulisses, j’avais l’impression de ne plus connaître mon texte. En fait, c’est ce même stress qui nous donne l’énergie pour monter sur scène et apporter l’émotion au public. Pierre nous a aussi appris à le gérer, à bien nous ancrer et prendre l’énergie du sol pour la communiquer aux spectateurs. Samedi soir (à Gentioux), on va découvrir une région mais aussi un nouveau public avec un nouveau stress en perspective ».
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de la Compagnie Quidam
Ecriture et mise en scène : Pierre Rogez
Assistante de mise en scène : Anne Gensane
Costumes : Sylvie Krawczynski
Technique et création lumières et vidéo : Florent Le Demazel
Technique et son : Kévin Schiller
Avec : Thédie Caron, Guillaume Debuchy, Idrissa-Banka Diaby, Alix Gensane, Anne Gensane, Jeanine Humetz, Corine Lesiewicz, Aurélien Lluahet, Sara Lluahet, Maxime Peloso, Jacqueline Vandamme et Manon Wattel)]