Le 53e anniversaire du cessez-le-feu en Algérie a été commémoré ce jeudi 19 mars en présence des élus, des représentants des associations patriotiques, des sociétés locales et de la population qui se sont tout d’abord rassemblés au pied de la stèle de la FNACA pour y déposer des gerbes.
Les personnes présentes se sont ensuite recueillies sur les sépultures des six Méricourtois tombés en Afrique du Nord. Le maire, Bernard Baude et Victor Szymendera du comité local de la FNACA (Fédération nationale des anciens combattants en Algérie) ont fleuri les tombes de Gérard Demory, Stanislaw Nogorzanski, Claude Réveillon, Jean-Claude Lampin, Maurice Germain et Joseph Lenne.
Le cortège s’est ensuite dirigé vers le monument aux morts de la ville pour de nouveaux dépôts de gerbes par la FNACA et la municipalité avant d’entendre le message du secrétaire d’Etat auprès du ministre de la défense en charge des Anciens Combattants, lu par Patricia Hochedez, maîtresse de cérémonie.
Michel Hédouard a ensuite donné lecture de l’ordre du jour du général Ailleret du 19 mars 1962 et Jacques Lecointe, président du comité local et départemental de la FNACA,
du message national évoquant une émotion toujours bien présente pour commémorer cet événement qui cristallise les mémoires et « la mémoire de nos 30 000 frères d’armes foudroyés en pleine jeunesse durant cette douloureuse page de notre histoire contemporaine… Par delà, la déchirure, les blessures à l’âme d’une guerre aux feux mal éteints, soyons porteurs d’une espérance de vie, d’ambition en demeurant vigilants. A l’ombre d’une paix toujours fragile. Aux briseurs de rêve, imposons le silence des armes… ».
Le maire, Bernard Baude a réaffirmé que le 19 mars 1962 était une journée historique et incontournable et rappelé le devoir de mémoire pour construire l’avenir dans un monde de paix. Il s’est aussi fait l’interprète du maire honoraire qui, par un message (voir encadré ci-dessous), a souhaité s’immiscer dans cette importante cérémonie patriotique.
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Pour Léandre Létoquart, qui avait refusé de prendre les armes et de participer à cette guerre coloniale, la colère est grande et avec la complicité de Bernard Baude, il a adressé, aux membres de la FNACA et à leur président, le message suivant :
« En ce 19 mars 2015, date anniversaire des accords d’Evian qui mettaient fin à la guerre d’Algérie, j’ai souhaité m’adresser à mes amis de la FNACA et leur président Jacques Lecointe. Si je me permets de m’immiscer dans cette importante cérémonie patriotique, c’est que ma colère est grande.
Nous avons mené avec Jacques, à notre niveau, un combat juste pour qu’enfin le terme de guerre soit utilisé pour désigner ce que l’on a trop longtemps appelé les événements, ou la mission de maintien de l’ordre. Cette mission durant laquelle une génération française a sacrifié sa jeunesse.
Avec la même conviction, nous avons, dans une même logique, mené le combat pour que le 19 mars soit définitivement date officielle. Je me rappelle qu’alors, cette légitime revendication de la FNACA était peu relayée à l’Assemblée Nationale et au Sénat et que les rares élus à défendre cette idée se trouvaient sur les bancs du Parti communiste.
Il nous a fallu de la patience, beaucoup de persévérance, mais ce combat nous l’avons mené à bien. Et c’est pourquoi aujourd’hui en 2015, ma colère est grande.
Parce que l’actuel maire de Béziers, Robert Ménard, ce pied-noir aveuglé par la rancœur, va se recueillir à la mémoire de membres de l’OAS, cette organisation terroriste qui voulait défendre l’Algérie française par le crime et la terreur.
Parmi ces membres de l’OAS, il y avait entre autres, les assassins, à coups de poignard, du commissaire central d’Alger, Roger Gavoury. Ces assassins tuaient en même temps l’idée même d’une solution républicaine.
Parmi ces membres de l’OAS, dont le maire d’extrême droite veut défendre la mémoire, il y avait aussi Jean-Marie Bastien-Thiry, organisateur de l’attentat du Petit Clamart dans le but d’assassiner Charles de Gaulle, alors président de la République.
Parce que ce même maire d’extrême droite a menacé de mettre les drapeaux en berne en ce 19 mars, défiant encore, et selon son même principe revanchard, la République Française.
Parce qu’il a officiellement débaptisé la rue du 19 mars pour lui donner le nom d’Hélie Denoix de Saint Marc, ce militaire qui avait pris part au putsch d’Alger pour préserver la colonisation.
Cette colère, ma colère, je sais que tu la partages Jacques. Parce que depuis Béziers, le mal se répand. Parce que depuis Béziers, l’insulte est faite à tous ces jeunes Français tombés en Afrique du Nord. Insulte est faite à ceux qui sont revenus avec tant de souffrances, dans leur corps et dans leur tête.
Une fois n’est pas coutume, pour une fois, je suis en accord avec le Premier Ministre Manuel Valls qui certes, donne beaucoup trop de coups de mentons tardifs pour tenter de résoudre les névroses du moment, mais a dit récemment que »la nostalgie, et notamment la nostalgie de l’Algérie française n’apportera rien de bon. Aujourd’hui on a besoin de regarder l’avenir avec de l’optimisme ».
Tu vois Jacques, le combat continue. Parce que la menace est là depuis Béziers pour toute la France. Parce qu’il reste d’immenses progrès à accomplir, notamment pour les jeunes générations. Oui les jeunes – tous les jeunes – premières victimes du chômage ne doivent pas être les oubliés de notre société, tout comme en notre temps, nous avons perdu notre jeunesse dans les Aurès.
C’est aussi à ce prix que l’on n’oubliera pas notre jeunesse sacrifiée sur les terres d’Afrique du Nord ».)]