Pour la troisième année, le Jungle-tour a sillonné les routes de la région avant de terminer son périple en Belgique. Le 30 juin, la première étape passait par Méricourt.
Le Jungle-tour a pour but de développer les liens entre les associations soutenant les migrants, de sensibiliser la population et d’interpeller les décideurs politiques sur les conditions de vie des exilés et le respect de leurs droits. Partis d’Arras, les cyclistes sont arrivés à l’espace culturel La Gare, trempés jusqu’aux os mais convaincus du bien fondé de leur action.
Dans le hall, une exposition photos retraçait l’histoire de ces camps de migrants et tout proche, près du stand de Résonances la librairie, Haydée Sabéran présentait son livre intitulé « Ceux qui passent ». Sorti en mars dernier, l’ouvrage de la journaliste porte sur ces migrants du Nord-Pas-de-Calais qui débarquent d’Erythrée, d’Afghanistan, du Vietnam, et qui tentent de passer en Angleterre.
Alors, ici, ils ne font que passer : ils se glissent dans les camions, sur les aires d’autoroute et risquent leur vie pour passer de l’autre côté de la manche, pour une vie qu’ils souhaitent meilleure. « J’ai écrit ce livre parce que cela fait 12 ans que je suis cette histoire de plus ou moins près pour le journal Libération et j’ai constaté que la seule manière de convaincre les lecteurs et de les sensibiliser à cette question là, c’est de se rapprocher au plus près des individus, c’est de raconter une ou deux histoires, de mettre un visage sur ces ombres qui passent » expliquait Haydée Sabéran.
Il y a plus de 10 ans, la journaliste fait une première immersion dans le centre de Sangatte, à la demande d’un journal féminin, pour y passer une semaine et raconter le quotidien des familles et des femmes. « Je me suis rendue compte que le travail était meilleur quand on y passait du temps pour créer des liens avec des gens. Cela m’a donné envie de continuer ».
Le livre « Ceux qui passent » a été écrit en neuf mois « Six mois d’immersion totale et trois mois d’écriture où je n’ai fait pratiquement que ça. C’était une sorte de marathon, mais j’écrivais aussi à partir des souvenirs que j’avais engrangés depuis plus de 10 ans puisque je parle aussi de Sangatte ». Pour la journaliste, « ces gens qui passent sur notre territoire, ils ont une vie, un visage. Ils aiment leurs enfants exactement comme nous on aime nos enfants. Ils ont des rêves, des espoirs, ils sont exactement comme nous ».
La jeune femme explique que l’une des raisons pour lesquelles elle a écrit ce livre, « c’était aussi de rendre justice à ces gens qui sont sur le terrain tous les jours. Ils travaillent, gèrent le quotidien, les difficultés. Ils remontent le moral, soignent, parfois même nourrissent. Les gens qui sont autour des migrants font un travail de l’ombre, insoupçonné mais extrêmement utile et tout ça se passe en général dans beaucoup de chaleur humaine. Je voulais raconter à travers ça, les gens du Nord-Pas-de-Calais et rendre compte de cette ambiance d’accueil que les migrants vivent ici et notamment au campement d’Angres, un des plus chaleureux de la région ».
La soirée, organisée par le collectif Fraternité migrants bassin minier 62, se poursuivait ensuite autour d’un repas vietnamien avant de s’animer aux rythmes musicaux des groupes Kak 40 (percussions), Pur Malt (Rock), Paula Fargue (Hip hop) et Chuche ma Gaillette (Street punk).