Le 11 novembre 2018 se devait d’être une journée historique. Cent ans auparavant, la première guerre mondiale prenait fin avec la signature de l’armistice après quatre longues années d’horreur. Quatre années de violents combats qui ont laissé derrière eux des millions de morts, veuves et orphelins. Dimanche matin, la pluie et le vent n’ont pas découragé les Méricourtois, toutes générations confondues, pour leur rendre hommage.
Un large défilé, ouvert par l’harmonie municipale et les drapeaux des associations patriotiques, s’est d’abord recueilli au cénotaphe 1914-1918 et les tombes soviétiques au cimetière. Puis au monument aux morts de la ville, la cérémonie s’est poursuivie avec de multiples dépôts de gerbes par la municipalité, les Anciens Combattants et Prisonniers de Guerre, les gardes d’honneur de Lorette, mais aussi par des élèves de l’école Pierre et Marie Curie et du collège Henri Wallon ainsi que des collégiens du Max-Planck Gymnasium de Delmenhorst.
Les jeunes Allemands, séjournant actuellement chez leurs correspondants Méricourtois, ont interprété avec l’harmonie municipale et la classe d’orchestre de l’école de musique, les hymnes nationaux Français, Allemand et l’hymne Européen, survolés par un lâcher de pigeons de l’Hirondelle.
Ce sont les élèves de 3e qui ont ensuite énoncé les combattants morts pour la France en 1918 avant la lecture d’un extrait de l’ouvrage « A l’Ouest, rien de nouveau » par les jeunes Allemands et Français.
Au pied du monument aux morts, Bernard Baude invitait à ce que le centenaire de la fin de la première guerre mondiale soit utile. « Il peut l’être en permettant à ces forces vives de réfléchir ensemble à la manière d’écarter concrétement la déroute de l’esprit humain. Il nous faut absolument ensemble, réfléchir et agir contre les guerres d’aujourd’hui, contre un cataclysme qui serait possible demain. Mais pour conjurer la guerre aujourd’hui, pour la prévenir demain, qu’est ce qui serait plus fort que le rêve, le rêve réaliste d’une solidarité, d’une société de partage et de paix ».
Et après avoir salué la jeune génération, le maire prit en référence une lettre ouverte de Julos Beaucarne qui invitait « à nous aimer à tort et à travers », ou encore Charles Aznavour, qui a marqué l’immigration de l’Europe, et nous a quittés en laissant ces paroles, « Vivre, aller plus loin que l’impossible, accéder à l’inaccessible, vivre ivre de joie pour toi, pour moi ».
Et enfin Serge Reggiani, enfant d’immigrés, et ces quelques mots « à oser les rires, à oser crier, à oser s’aimer… ». Bernard Baude terminait en se tournant vers les jeunes : « Oui, jeunes collégiens, revendiquez ce droit de rire, de crier et de vous aimer. C’est vous l’avenir, c’est vous notre espoir. Oui, jeunesse d’aujourd’hui et de demain, réclamez votre droit d’être libre, d’être heureux et de vous aimer à tort et à travers ».
– Publié le 13/11/2018
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La commémoration s’est terminée à la salle Jean Vilar où se tenait le premier forum d’histoire et généalogie, monté par l’association Les Amis de Méricourt.
Après la lecture du texte « Mon blessé » de Blaise Cendrars par les collégiens de 3e et des extraits de lettres de poilus par des CM2, le président des Amis de Méricourt présenta ce premier forum « qui se veut conforme aux initiatives prises par nos prédecesseurs Eugène Monchy, Clotaire Hénaut, Gérard Nicaisse, auxquels je succède ». Dominique Watrin remerciait ensuite la Ville pour son soutien et les diverses associations de la région présentes pour enrichir cette manifestation. « Nous avons souhaité ouvrir une page d’histoire relatant l’impact de la grande guerre dans notre commune et avec la généalogie, le cœur de notre travail en direction des habitants ».
Pour mémoire, Méricourt, envahie le 3 octobre 1914, fut sous tutelle des régiments bavarois et prussiens durant quatre ans. Proche de la zone de combat, Vimy et Lorette n’étant guère éloignées, ce lieu sera intégré à l’imposant système de défense, la ligne d’Hindenburg… Bombardée, la ville fut complétement détruite et classée en zone rouge. « Les mines reprirent ensuite leurs activités et établirent les plans pavillonaires près du 3/15 et du 4/5 sud. Mais dans une commune étendue, pas de reconstruction sans le recours intensif de la main d’oeuvre étrangère qui va donner pour longtemps une imprégnation multiculturelle. Le fruit de ces efforts s’est traduit par une fête de la renaissance en 1931 ».
Pour ce premier forum, la généalogie et l’histoire ont nourri l’image qu’a souhaité rendre l’association, aux victimes de cette éprouvante tragédie.
Lors de l’inauguration du forum la veille, le maire, Bernard Baude avait réveillé ce regard sur l’histoire où c’est l’histoire des hommes. Et en référence à la catastrophe du 10 mars 1906, il avait évoqué des points communs sur les catastrophes. « Quelles soient d’industries ou de guerres, quelquefois il serait bien d’écouter l’humain au cœur de tout ça. Avant le 10 mars 1906, il y avait Pierre Simon, dit Ricq, qui n’eut de cesse d’alerter sur le fait qu’au nom d’une exploitation qui devait être toujours plus rentable, on allait mettre en péril des centaines de vie. Et la veille de l’enclenchement de la première guerre mondiale, Il y avait Jaurès et d’autres qui criaient attention ».)]