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Roger Somville : une œuvre parmi les Méricourtois

Depuis le mois d’avril, notre ville accueille une exposition exceptionnelle dédiée au peintre belge Roger Somville (1923-2014) : l’un des artistes les plus marquants du XXème siècle. Sobrement intitulé « Un peintre parmi les Hommes », cette rétrospective partagée entre trois lieux emblématiques de notre ville embrasse un demi-siècle de création artistique sans concession.
Paru le 06/06/2025
Lors du vernissage, ce mardi 3 juin, le public a déambulé d’un lieu à l’autre, accompagné par l’Harmonie.

Le pari de l’amitié.

Tout commence en 2014, quand Richard Marcziniak contacte la famille Somville pour obtenir le prêt d’une œuvre préparatoire préfigurant Le triomphe de la paix, gigantesque tapisserie malicieusement offerte par la Belgique à l’OTAN. Les cartons peints occupent alors tout un mur de l’Espace Max-Pol Fouchet, dans le cadre de l’exposition « Maudite soit la guerre », commémorant le funeste centenaire de la Grande Guerre. Un lien de confiance et d’amitié est alors créé entre Méricourt et Claire et Marc Somville, les enfants du peintre.

Désireux de faire vivre l’héritage de leur artiste de père, ces derniers ont accepté la proposition folle de la Municipalité : exposer dans toute la ville plus de 80 toiles du maître. Un pari habituellement relevé par les grands musées nationaux, qui disposent des surfaces nécessaires pour accueillir une œuvre d’une telle ampleur.

Et un pari gagné, tant le vernissage, mardi 3 juin dernier, a touché le public, à commencer par Claire et Marc eux-mêmes. « C’est formidable de voir enfin tout le travail de mon père ainsi rassemblé. Longtemps je garderai le souvenir de cette exposition. Merci beaucoup », déclarait Marc ce soir-là avec gratitude.

Marc Somville, très ému, a remercié la Municipalité pour le travail effectué.

L’art de la vie, l’art dans la vie.

La ville a donc fait le choix de répartir thématiquement les œuvres entre trois bâtiments publics, ancrés dans le quotidien des Méricourtoises et Méricourtois. Une série de toiles réalisées pour le bicentenaire de la Révolution ont trouvé place en salle d’honneur de la mairie, aux côtés des bustes de Marianne et de Jaurès, autres symboles républicains ; les tableaux sociaux (mineurs et paysage du Borinage) et intime (portrait du peintre, de ses modèles, de sa famille) occupent le Centre Social d’Education Populaire ; enfin, les toiles annonçant une fresque monumentale Notre temps destinée à la station Hankar du métro bruxellois ont obligé les services techniques a démonté les châssis vitrés pour entrer dans La Gare.

« J’aime à décrire Roger Somville comme un éveilleur de conscience, expliquait le critique d’art Noël Coret, qui avait fait le déplacement pour le vernissage. Nul doute qu’il aurait apprécié ce choix d’inscrire l’art dans la vie des gens. Le fil rouge de son œuvre, c’est l’Humain. C’est un héritier de la philosophie des Lumières, de Diderot, qui pouvait affirmer Tout ce qui est humain ne m’est pas étranger. »

La fresque Notre temps représente ainsi les grandes contradictions des hommes et femmes de son temps : le cri du peuple chilien, tout juste mis à genou par le coup d’Etat de Pinochet, s’oppose à l’ouvrier conscient, journal à la main ; face aux promoteurs immobiliers, les manifestants défilent sous les drapeaux ; témoin de son temps, le peintre observe la scène à l’ombre de son chevalet, armé seulement de ses pinceaux, avec lesquels il se doit de saisir au mieux ces grands rapports de force.

Egalité devant la joie.

Enseignant et historien d’art, Somville n’a cessé de critiquer le marché de l’art et les institutions complices, qui réservaient l’art à une certaine élite, tout en valorisant majoritairement des sujets abstraits, ignorants des grands enjeux sociaux de leur époque. Tout le contraire de Notre temps donc, puisque cette peinture murale de plus de 500m², inaugurée en 1976 après plus de 18 mois de travail, s’offre encore quotidiennement au regard des passagers du métro bruxellois, d’où qu’ils viennent, sans distinction d’origine, de genre ou de classe.

On peut y voir la concrétisation de l’idéal républicain qui habitait Somville, dont témoignent ses nombreux tableaux célébrant les idéaux révolutionnaires de 1789, et d’où nous vient notre devise : Liberté, égalité, fraternité. Mais à l’égalité de toutes et tous devant le droit, il faudrait ajouter aussi égalité devant la joie, devant le plaisir esthétique que peut procurer la contemplation de la beauté.

A l’image de cette baigneuse alanguie à la plage, aux courbes voluptueuses, symbolise l’utopie des loisirs, du bonheur pour toutes et tous.  

L’œuvre de Roger Somville est exposée en mairie, au centre social et à La Gare jusqu’au 22 août.

Le mot de notre maire :

Lors du vernissage, notre maire Bernard Baude, visiblement ému par les prises de parole de Marc Somville et Noël Coret, a tenu à remercier l’ensemble des équipes de la ville pour leur investissement. « Aujourd’hui, on veut nous faire croire que la culture coûte cher et qu’elle ne sert à rien. Mais si la culture sert à l’émancipation humaine, alors elle sert à tout. La culture aujourd’hui, c’est ce qui nous lie, c’est ce qui nous permet de faire société. Plus que jamais, on se doit de la défendre, car défendre la culture, c’est défendre l’Humain, c’est préserver notre Humanité. » Des mots que Roger Somville aurait sans doute appréciés.

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